Les bassins hydrographiques et les Agences de l’Eau du Burkina Faso

Le Burkina Faso est situé sur trois (3) bassins versants internationaux : la Volta, le Niger, la Comoé. Ces trois bassins sont eux-mêmes subdivisés sur le territoire burkinabè en quatre (4) bassins versants nationaux : le Nakanbé, le Mouhoun, le Niger et la Comoé. Enfin, à un niveau inférieur, ces quatre bassins nationaux sont subdivisés en dix-sept (17) sous bassins versants nationaux.

La gestion rationnelle, concertée et durable des ressources en eau demeure une préoccupation majeure pour le Burkina Faso. Le pays fait face à une forte pression sur ses ressources en eau due à de nombreuses situations : baisse de la pluviométrie, accroissement de la population, développement des activités économiques et industrielles. Pour résorber ces problèmes et s’inscrire dans la dynamique de la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE), le Burkina Faso a créé des Agences de l’Eau recouvrant tout le territoire. Le principe de territorialisation de la politique de l’eau a donc été adopté dans ce sens. La territorialisation est une approche de l’autorité publique qui met l’accent sur les spécificités de chaque territoire. Le but est de mieux prendre en compte la variabilité et la multiplicité des situations locales. La territorialisation se manifeste par la définition et la mise en œuvre de stratégies de développement qui permet d’adapter les politiques sectorielles aux contraintes locales. Dans le domaine de la gestion des ressources en eau, elle se réalise essentiellement par la voie de la décentralisation et de la gestion par bassins versants ou bassins hydrographiques. Conformément aux principes de la GIRE, le bassin hydrographique est le cadre approprié de planification et de gestion des ressources en eau.

Cinq (5) espaces de gestion des ressources en eau, constituant systématiquement les zones d’intervention des Agences de l’Eau, ont été délimitées : les Cascades, le Gourma, le Liptako, le Mouhoun et le Nakanbé. Les Agences de l’Eau sont des Groupements d’Intérêt Public (GIP) créés par convention constitutive entre l’Etat représenté par les Ministères en charge de l’eau (tutelle technique) et des finances (tutelle financière) et les collectivités territoriales. Elles ont pour mission de :
• Engager les acteurs de l’eau à la gestion concertée, intégrée, équilibrée et durable des ressources en eau des bassins hydrographiques.
• Traduire à travers le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SDAGE) et les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE), les orientations de la politique nationale de l’eau.
• Promouvoir à l’échelle du bassin, une utilisation rationnelle des ressources en eau, la lutte contre la pollution et la protection des milieux aquatiques.
• Collecter, développer et diffuser les connaissances sur les ressources en eau en vue de contribuer à l’amélioration de leur gestion.
• Apporter des aides financières aux actions d’intérêt commun menées par les collectivités territoriales, les organisations socioprofessionnelles et les usagers de l’eau.
• Mettre en œuvre les principes préleveur-payeur et pollueur-payeur.

Les instances et les organes des Agences de l’Eau sont :
• Un Comité de Bassin(CB) : assemblée générale de l’Agence, il est composé de trois (3) collèges (Etat, Collectivités Territoriales et Usagers). Il est chargé de la mise en œuvre de la politique nationale de l’eau dans l’espace de compétence de l’Agence de l’eau à travers le SDAGE et les SAGE.
• Un Conseil d’Administration (CA) : c’est l’organe exécutif du Comité de Bassin. Il est composé de trois collèges (Etat, Collectivités Territoriales et Usagers) membres du CB et a pour mission la mise en œuvre des orientations définies par le CB à travers les programmes pluriannuels d’intervention.
• Une Direction Générale : chargée du fonctionnement et de la mise en œuvre des missions de l’Agence sous l’autorité du conseil d’Administration dans les conditions fixées par le Comité du Bassin.
• Des Comités Locaux de l’Eau (CLE): instances locales de concertations, d’échanges, d’animations et de promotions associant tous les acteurs concernés au niveau local, pour la gestion des ressources en eau.

Bassins versants du Burkina Faso et leur superficie

Bassin international Bassin national Sous-bassin national Superficie (km²)
COMOE COMOE Comoé-Léraba 17 590
NIGER NIGER 83 442
Beli 15 382
Gorouol 7 748
Dargol 1 709
Faga 24 519
Sirba-Gouroubi 11 946
Bonsoaga 7 231
Dyamangou 3 759
Tapoa-Mekrou 5 707
Banifing 5 441
VOLTA 172 968
NAKANBE 81 932
Pendjari-Kompienga 21 595
Nakanbé 41 407
Nazinon 11 370
Sissili 7 559
MOUHOUN 91 036
Mouhoun supérieur 20 978
Mouhoun inférieur 54 802
Sourou 15 256
BURKINA FASO 274 000

Source : Dr. Fulgence T. Ki, Situation des ressources en eau du Burkina, Atelier national sur la protection/préservation des ressources en eau, du 13 au 15 Janvier 2015

L’Agence de l’Eau du Nakanbé

L’Agence de l’Eau du Nakanbé (AEN) a été la première Agence de l’Eau mise en place. Elle a été créée le 22 Mars 2007 et a pour objet de valoriser le bassin hydrographique en tant que cadre approprié de planification et de gestion des ressources en eau.
L’espace de gestion de l’AEN couvre totalement ou partiellement sept régions que sont le Centre, le Centre-Nord, le Centre-Est, le Centre-Sud, le Centre-Ouest, le Nord et le Plateau-Central. Sa Superficie est de 60 337 Km² avec une population de 6 397 579 habitants environ soit plus de 40% de la population totale du pays. Le siège de l’AEN se trouve à Ziniaré.

L’espace de gestion de l’Agence de l’Eau du Nakanbé est intégralement inclus dans le bassin international de la Volta, avec une superficie de 60 337 km². Il comprend les sous bassins suivants :
– Le sous bassin du Nakanbé (41 400 km²) qui est drainé par les cours d’eau du Nakanbé, du Massili, du Koulipélé, du Dougoulamondi, du Tcherbo et de la Nouhao.
– Le sous bassin du Nazinon (11 370 km²), drainé par le cours d’eau du Nazinon et le sous bassin de la Sissili (7 559 km²).
Le volume annuel moyen d’eau de surface disponible dans le bassin est de 2,05 milliards de m3.
Les ressources totales en eau souterraines dans le bassin sont d’environ 59 milliards de m3.
Au nombre des ouvrages de mobilisation des ressources en eau de l’Agence, nous avons plus de 400 retenues d’eau dont les plus grands barrages du pays : Bagré (1 700 millions de m3 à vocation hydroélectrique et hydro agricole), Ziga (200 millions de m3 pour l’approvisionnement en eau potable), Toecé (75 millions de m3 à vocation hydro agricole), Loumbila (42 millions de m3 pour l’approvisionnement en eau potable). Le plus grand lac du Burkina, le Lac Bam (40 millions de rn3) est également dans l’espace de gestion de l’agence. 13 000 forages équipés, plus de 169 mini-adductions d’eau potable, 19 centres ONEA sont dans l’espace de l’Agence. Le taux d’accès à l’eau potable est de 68%.

L’Agence de l’eau du Mouhoun

L’espace de compétence de l’Agence de l’Eau du Mouhoun (AEM) couvre à la fois le bassin hydrographique national du Mouhoun, appartenant au bassin international du fleuve Volta, et le sous bassin hydrographique du Banifing, qui fait partie du bassin international du fleuve Niger. L’AEM couvre une superficie de 96 096 km2, soit 35% du territoire national. Elle comprend la plus grande parties des régions de la Boucle du Mouhoun (99%), des Hauts-Bassins (95%) et du Sud-Ouest (93%), des portions importantes des régions du Centre-Ouest (56%) et du Nord (44%) et une portion moindre de la région des Cascades (18%), soit au total six régions appartenant en tout ou en partie à l’AEM. La population de l’espace était estimée à 5, 5 millions d’habitants en 2012. Le siège de l’AEM se trouve à Dédougou.

Le bassin hydrographique du Mouhoun en territoire burkinabè a une superficie de 90 743 km² représentant 22% de la superficie totale du bassin de la Volta et 94,3% de l’espace de compétence de l’Agence de l’Eau du Mouhoun. C’est le plus grand des quatre bassins hydrographiques nationaux burkinabè. Il se compose de deux sous-bassins nationaux : le Mouhoun supérieur et le Mouhoun inférieur.
Le Mouhoun Supérieur comprend dans sa partie nord le sous bassin du Sourou (30 000 km2) qui est partagé entre le Mali et le Burkina Faso. Au sud, le Mouhoun constitue la frontière entre le Burkina Faso et le Ghana sur un peu plus de 200 km.
Les écoulements dans les cours d’eau du bassin du Mouhoun en territoire burkinabè ou à sa frontière proviennent d’une surface totale de 110 181 km2, dont 90 743 km2 (82%) sont situés au Burkina Faso et 19 438 km2 (18%) hors du Burkina Faso.
Le sous bassin du Banifing est un affluent du Baní qui est lui-même un affluent du fleuve Niger. Le sous bassin du Banifing occupe en territoire burkinabè une superficie totale de 5 463 km² qui est divisée en deux portions non contigües : la portion sud est enclavée dans le bassin de la Comoé ; la portion nord, dans le bassin du Mouhoun. Le Banifing forme la frontière entre le Burkina Faso et le Mali sur une centaine de kilomètres environ.

En considérant uniquement les ressources disponibles provenant de la pluie tombant sur la partie burkinabè du bassin, le bilan global des ressources en eau dans leur état naturel s’établit comme suit :
• Le volume total de pluie est d’environ 79 milliards de m3 en moyenne par an.
• La recharge annuelle des aquifères est estimée à 2 milliards de m3 par an dont 0,8 milliard de m3 alimente les cours d’eau sous forme d’écoulement de base.
• L’écoulement naturel des cours d’eau est d’environ 4,7 milliards de m3 par an comprenant le ruissellement proprement dit (3,8 milliards de m3) et l’écoulement de base (0,9 milliard de m3).
La base de données de la D.G.R.E., en cours d’actualisation à partir d’enquêtes de terrain, renseigne 259 retenues, 35 lacs et mares naturels, 42 boulis et 7 seuils dans l’espace de compétence de l’Agence de l’Eau du Mouhoun.
Les ressources en eau souterraine sont mobilisées à partir de forages, de puits et de sources aménagées. Au total, pour l’année 2010, 6 177 puits et 10 113 forages ont été recensés dans l’Inventaire National des Ouvrages Hydrauliques (INOH) sur l’ensemble de l’espace du bassin du Mouhoun.

L’Agence de l’Eau des Cascades

L’Agence de l’Eau des Cascades (AEC) a été créée le 22 Mars 2010. Son siège se trouve à Banfora.
L’espace de gestion de l’Agence de l’Eau des Cascades est le bassin national de la Comoé qui est un bassin transfrontalier situé au Sud-ouest du Burkina Faso, partagé essentiellement entre la Côte d’Ivoire (80%) et le Burkina Faso (18%) et, très secondairement, le Ghana (2%) et le Mali (moins de 1%). Cet espace couvre partiellement trois (3) régions administratives que sont les Cascades (86,2%), les Hauts Bassins (7,2%) et le Sud-Ouest (6,6%) et cinq (5) provinces : Comoé, Houet, Léraba, Kénédougou et Poni. Sa superficie est de 17 610 km2, soit 6,5% du territoire national. Sa population est d’environ 675 000 habitants en 2012. Le bassin de la Comoé se situe dans la zone la plus arrosée du Burkina Faso avec une pluviométrie moyenne interannuelle de plus de 1000 mm. Les ouvrages inventoriés dans le bassin de la Comoé sont : 20 barrages, 3 digues routières, 2 seuils, 5 boulis, 5 mares/lacs naturel. Selon l’INOH, le bassin de la Comoé disposerait en 2011 de 1 507 forages et de 342 puits.

L’Agence de l’Eau du Gourma

L’espace de compétence de gestion des ressources en eau du Gourma couvre la partie Est du pays. C’est un espace fait de quatre (4) sous bassins du bassin national du Niger (la Sirba, le Bonsoaga, le Dyamougou et la Tapoa-Mékrou) et de quatre (4) sous bassins du bassin national du Nakanbé (la Kompienga, la Pendjari, le Singou et le Doudodo).
La superficie totale de l’espace de compétence de l’Agence de l’Eau du Gourma est de 50 238 km², soit 28 643 km² de la portion du bassin national du Niger et 21 595 km² de celle du bassin national du Nakanbé. Sa population est estimée à 1 737 136 habitants. Elle couvre totalement 27 communes et partiellement 23. Les ouvrages inventoriés dans cet espace se présentent ainsi qu’il suit : 112 barrages, 13 boulis, 15 mares et 3 lacs. Le siège de l’Agence de l’Eau du Gourma est se trouve à Fada N’Gourma.

L’Agence de l’Eau du Liptako

L’Agence de l’Eau du Liptako (AEL) a été créée le 31 Janvier 2011. Son espace couvre la partie nord du bassin hydrographique national du Niger et est composé de quatre sous bassins dont le Béli, la Faga, le Gorouol et le Dargol. Suivant le découpage administratif, l’espace de gestion de l’AEL couvre totalement ou partiellement 49 communes réparties dans 4 régions (Sahel, Centre-Nord, Est et Nord). Son siège se trouve à Dori.

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